Ces destinations vacances où je rêve de ne pas aller

Et si on rêvait de ne pas voyager pour les vacances? Voici quelques lectures pour nous confirmer qu’on fait bien de ne pas y aller

Parce que d’autres y vont pour nous et nous en partage la beauté peu accessible

Nous avons tous envisagé des destinations vacances originales, extrêmes, authentiques. Quand on me décrit la banquise et les coutumes des Inuits comme Bérengère Cornut dans « De pierre et d’os » avec une langue superbe et des images qui permettent de comprendre voir et sentir ce monde, je lui fais totalement confiance et je ne me sens pas obligée de partir en expédition dans le grand Nord.

Et si Vincent Munier et Sylvain Tesson me donnent à voir « la panthère des neiges » dans des livres dans des films, c’est déjà une chance. Ils vont avec délicatesse dans des lieux que je serai bien incapable d’atteindre. Laissons les faire. De toute façon je n’aurai jamais la patience d’attendre.

Parce que je suis pas cap

En fait, pour tout dire, je suis incapable de faire le quart du tiers des vacances aventureuses des naturalistes, sportifs, journalistes qui nous partagent leurs carnets de découvertes.

Et quand en plus il s’agit de vagabonder par tous les climats sans un rond, en dormant dans les bas fonds des villes ou dans la jungle grouillante sur des bâches en plastique comme Alexis Girard d’Hennecourt dans « Partout chez soi », il me paraît plus raisonnable de ne pas suivre ses conseils, mais de s’amuser à suivre ses tribulations entre les chamans, les pirates, les éleveurs de rennes et les tatoueuses de marins.

Parce que ça n’est pas aussi génial qu’on nous l’a dit

Voyager loin pour être déçu ça peut faire mal. Entre les clichés dont on nous abreuve, les photos trafiquées qui nous vendent des couleurs de mer qui n’existent pas, on atterrit parfois dans un décor loin de nos attentes. Pour l’Australie, le livre « triple zéro » de Madeleine Watts casse bien des rêves. Avec une écriture nerveuse, l’héroïne à la fois dure et fragile vit dans son corps les traumatismes du pays où la sècheresse, le feu et le rapport à l’eau sont dramatiques. Un livre beau et vibrant, qui permet de rayer l’Australie de la liste des destinations de rêve.

Parce qu’on abîme tout

Une très bonne raison de ne pas aller quelque part, c’est bien parce que le milieu est fragile. Il y a une prétention assez risible à vouloir aller dans certains lieux car ils risquent de disparaître. Qui sommes nous pour considérer indispensable de témoigner d’avoir vu la banquise, des glaciers, pour se prendre en photo devant avant qu’ils disparaissent?

Plusieurs lectures salutaires nous rappellent de manière drôle et grinçante l’inanité de ce tourisme . Dans « La fonte des glaces » un charcutier à la retraite se prend de passion pour les pingouins et explore les lieux de la fonte des glaces avec une influenceuse. Caustique.

Dans « Solaire » Ian Mc Ewan nous montre aussi le parcours d’un entrepreneur du solaire qui se sent obligé d’aller constater par lui même le recul de la banquise dans une excursion que se finit de façon hilarante.

Et parce que c’est toujours bon de se moquer de nous même, Julien Blanc-Gras dans « Touriste » nous tend un miroir féroce. Nous allons dans le désert nous ressourcer pour nous retrouver en haut d’une dune à l’aube avec un parisien qui appelle son collègue pour lui dire : « devine où je suis? ».

Et si on restait chez nous avec un bon livre dépaysant?