Décideurs: faut-il changer radicalement la posture des élites?

Dans son livre « le courage de renoncer » Jean-Philippe Decka défend la nécessité de changer radicalement la posture des élites, dont il fait partie, sans en nier sa difficulté. Ce livre salutaire est disponible au Corner LIBLAB aux Halles de la Transition.

L’élite c’est qui?

Jean-Philippe Decka est un enfant du sérail. diplômé d’HEC, patron de start-up, il maîtrise les codes du monde économique et digital. Mais une prise de conscience l’a amené à questionner en profondeur ses activités, à chambouler sa vie et à prendre un chemin radical.

Dans son propos il se concentre sur les élites économiques. Ce sont tous les anciens (alumni) des grandes écoles de commerce et d’ingénieurs. Ils ont en commun la même culture économique et technologique, des niveaux de salaires et de vie très confortables et parfois déraisonnables en sortie d’études et une culture forte du réseau et de l’entre-soi. Selon lui toutes les générations sont concernées, et c’est important de faire bouger les plus anciens qui détiennent encore plus de clés de pouvoir que les jeunes.

Qu’est ce qui fait le déclic vers le changement pour les décideurs?

Les deux points clés analysés et très bien synthétisés sont tout d’abord le « désenchantement » du monde du travail puis des déclencheurs forts tels que la maladie, le burn-out ou bore-out et l’écoanxiété. L’auteur s’appuie sur le chemin qu’il a parcouru et les nombreux témoignages présentés dans son podcast Ozé .

Quels sont les freins auxquels on se confronte?

La partie sur les freins est particulièrement intéressante car on rentre dans les sujets délicats: elle approfondit la pression sociale, la pression financière et l’idéologie. Le chapitre sur la pression financière met notamment en lumière le fait que, conditionnés à vouloir atteindre un certain statut social, les jeunes diplômés et les moins jeunes s’endettent de façon importante et se retrouvent piégés par leur niveau de vie, pour être dans les bonnes écoles, les bons quartiers,avoir les bons loisirs,…

La partie sur l’idéologie dominante revient bien sûr sur le mythe du libéralisme et du capitalisme en tant qu’unique système après l’effondrement de l’URSS, mais évoque aussi le mérite et la valeur travail qui sont des biais qui nous ont façonnés.

Vers un capitalisme plus responsable ou vers une posture radicale ?

Pour Jean-Philippe Decka, l’économie et l’entreprise « responsable et durable » sont des leurres qu’il présente comme un passage dont il faut sortir. C’est bien sûr sur ce point que le débat au sein des élites se cristallise: greenwashing, compensation carbone, mobilité électrique, recyclage, finance verte, croissance verte,…

C’est bien une posture radicale que défend l’auteur, tout en plaidant pour la nécessité pour les élites de ne pas aller vers la marginalité pour pouvoir avoir une influence. Etre sur tous les fronts, agir avec sa consommation, son argent, son engagement politique et son activité professionnelle.

Un ouvrage qui nous met tous, en tant que cadre ou futurs cadres, en face de nos contradictions et de nos responsabilités dans la transition écologique.