Sorry children: êtes vous aussi des parents écologiquement indignes?

Avec Manon du podcast nouvelle conscience, nous avons conçu un atelier Eco Philo à partir des excuses à l’inaction climatique formulées par des personnalités à leurs enfants dans le livre et le site Sorry Children.

L’idée de l’initiative « Sorry children » et de son générateur d’excuses était de jouer sur notre préoccupation pour les générations à venir. Quelles seront les pires excuses que nous auront à donner à nos enfants dans 20 ans quand ils nous demanderont pourquoi on n’a rien fait quand il était encore temps? L’occasion de se questionner sur ce que change la parentalité dans notre rapport au changement climatique.

Nous avons peur pour leur sécurité

Nos enfants débarquent dans un monde où le réchauffement multiplie les épisodes climatiques extrêmes. Nous lisons donc cela comme une collection de menaces. Sur la planète, cela signifie des changements tellement énormes que les migrations de populations en danger dans leur habitat peuvent paraitre dangereuses pour l’équilibre des pays où nous élevons notre progéniture.

Plus près de nous, cela veut dire des paysages, des lieux naturels et des lieux de vie vont se fragiliser et changer ( épisodes tempétueux, montée des eaux, sécheresse, feux répétitifs et intenses..).

Cependant il est à noter que nous voyons cela à l’aune de notre propre enfance. Nos enfants naissent avec un lien au passé plus ténu et ne seront pas encombrés de nos points de comparaison si nous ne les nourrissons pas de notre nostalgie à l’excès.

Nous avons peur qu’ils vivent moins bien que nous

C’est probablement l’un des sujets qui nous rendent le plus triste. Nous sommes, parait-il, l’une des premières générations qui ne se dit pas que ses enfants vivront forcément mieux qu’elle.

Certains fruits, légumes, animaux et plantes qui nous semblaient banals deviennent rares. Pourront-ils se gaver de cerise? de miel? Nos déplacements, nos loisirs, notre habitat et notre alimentation ont un impact sur l’environnement. Si nous l’avons ignoré, les générations futures vont intégrer des contraintes nouvelles.

Et nous prenons cela -probablement à tort- pour une dégradation du niveau de vie: moins de ski sans enneigement naturel, moins de voyage en avion, moins de voiture, une plus grande sobriété en énergie, sur nos achats, sur le numérique, une alimentation moins carnée…

Pour voir les aspects positifs, on peut penser que de nouveaux codes « life style » positifs, de la créativité, un autre rapport au travail et à la consommation vont piloter leurs choix de vie et leur permettront sûrement de négocier les changements bien mieux que nous.

A rebours, si on veut voir les choses sous l’angle du pire, nous ne sommes pas à l’abri que, par pur esprit de contradiction, nos enfants adoptent des comportements climatosceptiques tout à fait décomplexés… Le comble de l’horreur!

Nous avons peur de leur regard (ou de celui des autres)

Est-ce que le regard de nos enfants va vraiment nous faire changer? Globalement ça semble plutôt être un fantasme de communiquant ou de politique. De nombreux discours et slogan d’Obama, Al Gore et de personnalités influentes, portent en étendard cette responsabilité vis à vis des enfants. Cela semble plutôt fait pour faire vibrer la corde sensible de la culpabilité des adultes déjà convaincus.

Et finalement, quand on parle du regard de nos enfants c’est souvent plutôt de regard des autres adultes que nous nous soucions en battant notre coulpe.

L’exception reste ceux qui ont des enfants ados et jeunes adultes très engagés et qui sont eux même dans des modes de vie qui ont très peu changé. Là le conflit peut-être fort, mais n’amène pas toujours les adultes à changer. Surtout si ils se sentent soit « coincés » pas des contraintes financières, soit trop remis en question dans leurs choix de vie. Le regard critique des plus jeunes pourra alors être perçu comme une rupture et le dialogue intergénérationnel sera difficile.

En avoir ou pas?

Georges Marshall dans « le syndrome de l’autruche » émet une analyse intéressante : le fait de communiquer sur la culpabilité vis à vis de nos enfants dans des campagnes publicitaires n’a pas réellement produit d’effet de prise de conscience.

Statistiquement les parents ne sont pas plus exemplaires et engagés que ceux qui n’ont pas d’enfants. Le fait d’avoir des enfants créerait même un biais d’évitement, qui nous amènent à considérer que le réchauffement climatique ce n’est pas si grave. Elever des enfants occupe notre temps de cerveau disponible, nécessite un certain niveau de revenu et des contraintes sociales si on souhaite que l’enfant soit en prise avec la société. Autant de choses qui contraignent l’engagement.

C’est pourquoi les parents peuvent mettre à distance leurs bonnes résolutions de sobriété et d’engagement avec « l’excuse » des enfants. Certaines études mettent en lumière le fait que dans les pays industrialisés, avoir un enfant multiplie par 3 le bilan carbone des parents. Ce faisceau de raisons amène certains jeunes adultes à faire le choix affiché de ne pas avoir d’enfant pour des raisons écologiques. Le mouvement des GINK porte ces sujets.

Faire face à nos peurs

Au final, lister toutes ces excuses que nous imaginons est l’occasion d’exprimer nos freins essentiels. Et de débattre ensemble pour leurs trouver des antidotes. C’est l’objectif de notre atelier Eco Philo mis en place aux Halles de la Transition et qui peut être déroulé dans vos collectifs , équipes ou associations. N’hésitez pas à me contacter pour plus de détails.